jeudi 11 septembre 2014

On s'assoit et on boit frais à Douarnenez


Pour la première fois de l'année, j'ai bénéficié cette semaine de quelques jours de liberté pour aller faire le zouave au pays des menhirs, des ajoncs et de la cirrhose accessible à tous...Soit dans le Finistère, rude contrée oubliée de la 4G, qui comme son nom l'indique, est depuis l'aube des temps, un repère de bourrus taciturnes faisant de substantielles économies d'échelle au niveau des panneaux routiers... Sur le trajet aller, j'ai la brillante idée d'aller me perdre dans l'intérieur à la recherche d'un canal dont le nom ne vous dirait rien^^... Sous un cagnard orageux insupportable, je finirais par prendre quelques perchettes peu motivées et un brochet d'une soixantaine de cm qui lui viendra se rendre avec la virulence d'un sandre sous Témesta avant de retrouver ses esprits sur une chandelle me privant de photo. Bref, pas facile sous le soleil... Seule satisfaction : ma TP Palette maison Spécial Pin's^^ semble rencontrer son public !!!
Cette TP palette faite à partir d'une TP Makaira Sakura 5 grammes, un émerillon rolling à carpe d'une crasse banalité, deux anneaux brisés qui passaient par là et une palette feuille de saule ne provoquant pas l'admiration des foules aura aussi son heure de gloire en eau salée mais chut. N'anticipons pas^^...
L'inavouable raison de ce périple bas-breton était principalement constituée par la possibilité de pêcher le réservoir Saint Michel, haut lieu de la pêche du brochet, suite à l'invitation de Thierry. Comme de bien entendu, dans une brume digne d'un incendie sur le plateau de tournage de Brave Heart, j'arrive à Brasparts, riante commune où de bon matin, trouver un indigène vivant, assez valide pour aller de chez lui à la boulangerie ou du moins en état de soutenir une conversation en français, fût-elle lapidaire et essentiellement consacrée à des considérations routières et géographiques, relève de l'herculéen... Quand finalement, j'y parviens, les dits-indigènes, manifestement aussi sournoisement xénophobes que leurs ancêtres l"étaient au temps d' Ermold le Noir, m'expédient traîtreusement sur la route de Morlaix. Bande de fumiers. 20 km plus loin, paumé dans la lande au milieu du brouillard, prenant soudainement conscience de la fourberie des ploucs locaux, je fais demi-tour et, par miracle, repassant par le bled, je tombe sur une âme charitable, voire témérairement francophile^^, qui m'indique enfin la bonne direction. Ouf. Après ces menues péripéties qui apparaîtront certainement tordantes au lecteur ( mais qui, sur le coup, peuvent emmener leur victime à reconsidérer la pertinence qu'il y aurait, à refuser l'enfouissement des déchets de Fukushima sur le territoire de ce canton, voire de les imposer comme engrais dans les potagers autochtones, histoire de coller aux lapins la moxomatose ) on a perdu deux heures. Mais il en faut plus pour déstabiliser un Thierry en pleine possession de ses moyens...

Pour son comparse du jour, c'est déjà moins avéré !!!^^ 

Mais laissons là les jérémiades. Nous chargeons le bateau et prenons le large dans la fraîcheur matinale... Sous nos yeux émerveillés, le soleil se lève au dessus des nuées... Hélas, pour se lever, il se lève, l'astre solaire... On a tout pour pêcher dans la semoule = cagnard de plomb, eau du lac dont la température augmente à vue d'oeil, 20°c le matin, 23°c dans l'après-midi, ça calme les poiscailles, peu habitués sans doute à ces amplitudes thermiques... Sans compter la pleine lune et pas un souffle de vent... La journée sera rude... Deux Fat swing impacts déchirés sur des touches à peine perceptibles et totalement inferrables pour moi, une tapounette timide sur un spinnerbait, ce sera tout pour la journée. Thierry lui, aura sa touche du matin et celle, concrétisée, de fin d'après-midi, Youpi !!! Juste au moment où s'était enfin levé un petit vent frais ( ou presque^^), où les nuages revenaient, malheureusement quand nous lâchons l'affaire, la couenne burinée, l'échine baissée et le moral en berne^^... Dommage, ce lac a certainement du potentiel mais bon, on y était certainement pas le bon jour. Les épisodes caniculaires ne sont pas spécialement associés au succès quand on pense brochet...

Désireux  de prendre notre revanche sur l'adversité halieutique, nous convenons d'une équipée maritime le lendemain. Dès potron-minet, j'arpente d'une pataugas hésitante, les sentiers vigoureusement pentus de la côte... C'est joli mais à moins d'avoir servi 10 ans dans les Navy Seals, ça va pas être commode de descendre en rappel pour pêcher les têtes de roche^^...

Retour au Terminus des ambitions. Môle portuaire et canne ML... C'est parti pour le safari petites vieilles ou " Yes, Oui, Cannes' dans notre jargon de spécialistes... Là, l'échec n'existe pas^^.
En attendant Thierry qui a décidé avec prudence de ne se commettre en ma compagnie que pour les dernières heures de montante, je persécute allègrement vieilles et crénilabres entre les éboulis rocheux et les tas d'algues à flotteurs... Thierry a eu raison. On ne prendra qu'un mini maquereau au Spin Mad avant de plier, un peu blasés... Quelques suivis de bars, bouche cousue... La pleine lune ? Ouais, on va dire ça...
Finalement, le gros du séjour, avec quelques dizaines de prises et des combats brefs mais violents, aura été consacré au drop-shot ou dandine avec TP en mode gérontophilie bonzai... Le seul problème étant que n'ayant rien prévu pour l'eau salée, je me suis retrouvé obligé de pêcher avec le seul leurre à la bonne taille, le grub Gary Yamamoto 2"... Ce qui revient cher vu le nombre hallucinatoire de touches et l'efficacité de leur dentier^^...
Heureusement qu'elles étaient là car à part deux micro-maquereaux, je ne prendrais que ça en mer. Cela  dit, c'est une pêche bien marrante. Incroyable la brutalité de la touche que font des poissons de cette taille... Bon, je décrocherais quand même une vieille bien maousse et casserais sur une autre bien velue, limite format armoire normande, aperçue à la touche grâce à la limpidité de l'eau... Les limites de la pêche light, snif.
Sur le chemin du retour, je me referais une fin de descendante, histoire d'enchaîner une douzaine de vieilles supplémentaires. Puis, je m'arrêterais en eau douce sur un spot où je décrocherais une jolie perche au premier lancer avant qu'une invasion de kayakistes, 20 jeunes gitans jouant  à finir tétraplégiques  en sautant de 5 mètres depuis le haut de l'écluse dans environ un mètre d'eau et, pour parfaire l'instant, une méga perruque sur le moulinet ( probablement causée par une baisse d'attention psychomotrice liée à l'irritation et la fatigue du sujet ?^^) ne me confortent dans la conviction qu'il était temps de rentrer chez moi. Bien dépaysé par ces quelques jours de pêche un tantinet exotique qui étaient plus que forts bienvenus après de trop longues semaines d'abstinence halieutique., j'en reviens la tête pleine de souvenirs, la peau légèrement brûlée et la sacoche moins pleine de grubs Gary Yamamoto^^... 

Bien sûr, on pourrait mesquinement ergoter que j'y étais allé pour empiler des brochets. Certes. Mais il faut savoir composer avec les éléments. Le pêcheur propose, la météo dispose. Et puis, entre nous, malgré mes poils blanchis par le sel et les ans, ma claudication aléatoire, mon air con et ma vue basse, j'ai gardé un esprit quasiment enfantin qui me permet de m'éclater en cartonnant les petites vieilles mal embouchées et autres crénilabres portuaires hargneux.

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