mardi 13 octobre 2015

Pinsage automnal en mode petite rivière

Si je connais bien une chose presque aussi pénible que de ne pas aller à la pêche, c'est bien d'aller pêcher le dimanche... Hélas, on en est parfois réduit à de telles extrémités^^. Le scénario est immuable : on part guilleret, le cœur vaillant, décidé à ne pas trop abîmer la couche d'ozone en se cantonnant à un parcours proche de sa hutte et vlan !!! Au bout de 398 randonneurs, 235 vététistes et 73 gugusses en canoë, on perd ses illusions, ses moyens, puis son calme. Et là, c'est le drame... On fonce, la bave aux lèvres, tel un Laurent Wauquiez devant un chômeur longue durée n'ayant pas eu l'élémentaire décence de mettre fin à ses jours,  vers un quelconque filet de flotte rural à la limite du croupi. Et là, sans le moindre discernement, on se met à traquer furieusement la perchette en solitaire, loin de l'étrange agitation dominicale du salarié déchaîné sublimant sa condition subalterne en se livrant à de pathétiques  agissements des plus grégaires...
Certes, je le concède, il n'est guère glorieux de s'attaquer à des petits poissons. Mais, voyez-vous, la tranquillité, ça n'a pas de prix. Je préfère un bon milliard de fois enquiller les perchettes les pieds dans l'eau, sans avoir à croiser le moindre blaireau plutôt que de m'agglutiner sur les "hot-spots" au milieu des mythos va-de-la-gueule, des viandards taciturnes et des m'as-tu-vu toujours prêt à faire péter le matos bling-bling et à régaler l'humanité souffrante du récit de leurs "exploits"...
Je suis trop vieux pour ces conneries. A y regarder de plus près, j'en viendrais même à penser que le vrai luxe, ce n'est pas de pêcher des gros poissons ou d'en prendre plus que le voisin comme le croient, confits qu'ils sont dans leurs inavouables complexes, les Bouvard de la Suissex et autres Pécuchet du Plomb-palette. Non, le vrai luxe, sous nos latitudes, c'est de pêcher peinard...
Deux heures de pêche sans avoir à subir le regard agressif d'une de ces racailles rougeaudes cachée derrière ses gros bouchons rouges, la connerie expansive de blaireaux citadins lâchés dans la nature ou à supporter la narration hagiographique de la dernière sortie en date d'un zozo enthousiaste à l'idée légèrement outrecuidante qu'il a inventé à lui tout seul la pêche à la ligne moderne et décontractée du slip, désolé, mais ça, rien que ça, accompagné de quelques perchettes et d'un ou deux chevesnes, ça suffit amplement à mon bonheur.
 Pour vivre heureux, pinsons cachés^^...

 

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