lundi 11 juillet 2016

Entre ici, Footix, avec ton terrible cortège...

Hier soir, vers 20h, vautré sur le canapé familial, attendant la finale en zappant à la nonchalante, je suis tombé par hasard sur deux informations qui m'ont fait changer avec justesse mon pronostic concernant le score de celle-ci. La première information, c'était que le fabuleux Président Le Graet ( le mec d'une élégance folle qui avait claironné à la veille de France-Roumanie que la décision de ne pas retenir le mis-en-examen Benzéma était du seul fait de Deschamps, pas du tout du sien et que donc si ça se passait mal, ce ne serait pas de sa faute... ) avait confié, dès le coup de sifflet final de France-Allemagne, le soin à un garagiste bas-breton de décorer un bus dédié à l'équipe de France championne d'Europe et, par une aventureuse anticipation, destiné à la trimballer dans les rues de Paris pour un triomphe à la Romaine. Ou comment mettre d'une façon un poil inconsidérée les boeufs dans la charrue  tant on était pressé de contenter le populo avec une acmé patriotique passant opportunément sous le tapis les douteuses scories d'un quinquennat tragique...


La seconde, c'était le défilé ininterrompu des élus de tel ou tel patelin n'ayant pour seul et involontaire petit mérite que d'être le lieu de naissance de tel ou tel international tricolore et qui réclamaient à tue-tête que le dit-international revienne au plus tôt dans la commune se pavaner avec le trophée et ( surtout ) poser sur la photo à côté du maire... On a la politique sociale qu'on peut.

Là, j'ai su. Devant moi, les chimères de 3-0 nets et sans bavure se sont évanouies. D'une voix blanche de Cassandre nourrie aux cacahuètes grillées, à la pizza-anchois surgelée et à la bière tiède depuis un mois, j'ai prédit le drame à venir : 0-0, prolongations, on perd 0-1 dans le jeu sur un relâchement de la défense...  Mais j'étais ce soir-là dans la peau de Johnny Smith, le mec de Dead Zone. Le David Vincent des Fans-Zones : "Cause toujours, le givré... C'est plié. Les Portos l'ont dans l'os. Pascal Praud l'a dit. La cause est entendue"... Comment alors tenter de faire ouvrir les yeux à un public lobotomisé, confondant Griezmann avec Platini, Pogba avec Mohammed Ali et Laurent Koscielny avec le Grand Ferré, que le Portugal avec son refus de jeu systématisé, diaboliquement contre-nature, mais se qualifiant à chaque fois quasiment par miracle, avait tout le profil d'un vainqueur surprise ? On aurait du le voir venir de loin, ce Iago  de Porto, chloroformant à la sournoise le favori avant de lui porter la fielleuse estocade...Sans compter qu'on ne gagne jamais une finale quand on a un premier ministre de droite^^...

Tout était dans l'air. Les prémices des grandes catastrophes s'annonçaient... L'éternel retour  du triomphalisme béat un chouia prématuré..." Il ne manque pas un bouton de guêtre", "Jamais les chars allemands ne passeront par les Ardennes", "Les Viets n'ont pas d'artillerie lourde"... Air connu... Avouons-le aussi : un discours chauvin, présomptueux, flirtant parfois voire souvent avec un paternalisme aux lisières de la xénophobie, a bien aidé le grand public à considérer avant le match les Portugais comme des baltringues à peine dignes d'encaisser moins de quatre buts en finale face aux surhommes tricolores . Ils pratiquaient un jeu dégueulasse ( il y avait du vrai, remarquez...), un football d'épicier, combinard, de petits bras pas à la hauteur, etc...



Mais on a un peu vite oublié que derrière l'infâme Ronaldo, triple Ballon d'Or tenant à lui-seul à bout de bras son équipe ainsi que le chiffre d'affaire annuel de la production ibérique de gomina, il y avait une très longue tradition de grands joueurs de foot portugais. D' Eusebio à Figo, de Chalana à Pauleta, on ne peut pas dire que le Lusitanien soit réputé pour ses pieds carrés. Pourtant, tous ces magnifiques joueurs avaient en leur temps, avec une régularité désespérante voire souvent inexplicable, toujours ratée la dernière marche menant au Panthéon et ce, malgré leur talent, malgré leur beau jeu, malgré la ferveur de leur public. Sans doute était-il l'heure pour eux d'enfin gagner un titre international en sacrifiant sans états d'âme l'esthétique à la froide efficacité. Insipide dans le jeu ne veut pas dire inoffensif en football. Rappelez-vous le sinistre Malmö FF de la Coupe d'Europe des Clubs Champions de 1979 ou l'implacable sélection grecque de 2004. Mais peut-on attendre autre chose qu'une mémoire-vive équivalente à celle d'une gambusie de la part d'un public franchouillard s'extasiant sur les exploits lyrico-éthyliques des Irlandais du Nord et du Sud, le sempiternel 4-4-2 robotique de l'Islande ou la coupe de cheveux avant-gardiste d'un Kingsley Coman, le Maradona solitaire de la Foire du Trône ?



Voilà. Effectivement c'est plié mais pas dans le bon sens. La gueule de bois est douloureuse. Les charognards vont ressortir du placard : il y a trop de Noirs dans l'équipe, pas assez de Maghrébins, aucun natif des îles Kerguelen. Il aurait fallu faire jouer Duschnok en 9, Bidule en 10 ou Zidane comme gardien de but. C'est la faute à Machin, à Truc et surtout ( évidemment ) à François Hollande ( comme d'habitude ). Les zinzins y verront un complot : l'arbitre anglais jaloux de notre vista et horriblement complexé par sa dentition, les Templiers se vengeant enfin de Philippe le Bel ( si, si, regardez la croix sur le drapeau portugais, tout s'explique !!!) ou bien les papillons de nuit génétiquement modifiés dans un laboratoire du Mossad qui ont envahi par milliers la pelouse...


Alors que la vérité est ailleurs. Elle est certes diantrement triviale mais d' une simplicité biblique... L'adage populaire l'exprime ainsi avec bonheur : "Il ne faut pas vendre la peau du Portugais avant de l'avoir épilé" !!!... La routourne n'en finit plus de tourner. Quatre décennies plus tard, le poteau, pourtant rond, de Gignac fait écho à ceux, carrés, de Glasgow en perpétuant cette noble et ancestrale tradition française de finales gagnées d'avance et finalement perdues... Avec leurs terribles conséquences. Il y a un bus breton à repeindre, François Hollande ne sera peut-être pas réélu et la Mairie de Mâcon hésite désormais entre Jean-Luc Lahaye ou Début de Soirée pour animer le 14 Juillet^^...






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