mercredi 14 septembre 2016

Et Dieu créa la perchette...

Alors que l'orage menaçait ma savane désolée par des mois de sécheresse, j'ai une nouvelle fois cédé aux sirènes de la traque obsessionnelle du monstre fluviatile. Autant être sincère : contrairement à nombre de blogueurs concernés par l'étalage ruisselant d'écailles, je m'obstine à rester à peu près proche de la réalité factuelle lorsque je narre mes navrantes mésaventures inespérés coups de bol exploits édifiants. Il m'arrive certes d'extrapoler, de me risquer parfois à des interprétations douteuses, voire de fricoter, lors de coupables moments d'absence, avec l'hyperbole MAIS en règle générale, je ne cherche pas à me faire passer pour un demi-Dieu de la pêche à la ligne ayant su rester tout à fait humble & abordable malgré le succès (selon la formule désormais consacrée^^). Car même si je le voulais, je ne serais pas crédible longtemps en beau mâle musclé, au sourire émail-diamant, souffrant si l'on analyse bien ses photos d'une hypertrophie du pouce^^ et qui ne compte plus, blasé, les voitures de sports s'entassant dans son garage, ses conquêtes au sein du harem de l'agence Elite, ainsi que ses arrestations pour détention de cocaïne,  tout en squattant, en toute simplicité, la canne entre les dents, une couverture sur deux de Predators, eul magazine des Winnors^^... Ne tombons pas toutefois dans le déclinisme, l'aigreur et la morosité : qui sait si la demande en sosies de Gollum ou de Michel Galabru ne va pas repartir plein pot dans les prochains mois ?
En effet, malgré les apparences, je ne suis au fond qu'un banal être humain. Même si, à cause de mon acuité visuelle digne d'une taupe, de ma démarche hésitante de zombie et de ma dentition de requin-taureau ayant encore oublié son ouvre-boîte (sans passer par ailleurs sous silence le choix, paraît-il, contestable de mon déodorant), cette théorie est loin de faire l'unanimité chez les anthropologues des environs. Il m'arrive ainsi de me tromper lourdement de pattern, d'être terrassé par le doute devant le choix consternant de mes destinations halieutiques, voire de n'avoir qu'une heure et quelques pour tester sous la pluie un spot abandonné depuis des lustres. Si ce n'est pas aller au devant de cruelles déconvenues, tiens, ça encore... En arrivant, hier soir, d'un pas vaillant au bord de l'eau, je constate immédiatement la présence de véhicules garés dans une zone interdite au stationnement. Tiens, tiens. Des cannes sont posées un peu partout, apparemment sans surveillance. Il me vient grâce à mon sens aigu de l'observation une explication rapide et logique : leurs propriétaires sont calfeutrés dans leur voiture pour éviter les pauvres gouttes qui tombent. Les vieux baroudeurs à la virilité trempée dans le Gros-Plant sont de sortie mais veulent garder leur beau t-shirt camouflage jungle au sec... Ben mon cochon, ils sont beaux les hommes d'action !!!^^

Exclu de fait de l'usufruit du hot-spot, je me retrouve donc à pêcher une fin de courant toute pourrie pour ne pas mettre dans la pénible, pour ne pas écrire déplorable, situation de me retrouver à adresser la parole à ce genre d'humanoïde afin de leur énumérer patiemment les 28 points de règlement qu'ils sont en train de violer benoîtement... Je n'ai de toute façon plus l'énergie d'évangéliser les Bidochons ni, ce soir, le temps de changer de coin. Heureusement qu'en une manifestation tangible de la colère divine, ces feignasses de vifeurs se ramasseront une douille sans appel sous mon regard narquois. Des vifs sous flotteurs sans surveillance en fleuve, ça va vite se planquer dans les bordures, les mecs. Et là, si l'on excepte les jurisprudences "brocheton compatissant" ou "anguille en goguette", on peut faire une croix sur le beurre blanc, Gontran... Les mecs pêchent depuis 50 ans et n'ont pas encore compris ça... C'est peut-être pour ça qu'il reste un ou deux poiscailles à prendre finalement ?
Bref, en un laps de temps trop court pour appliquer un éventuel Plan B salvateur, et durant lequel je n'ai vu qu'une seule chasse ( un gros glane...Sur la berge d'en face, hélas...), je m'en tire, sinon avec les honneurs, du moins avec un slip propre, en prenant deux perches dans le dernier quart d'heure. Il est vrai que j'avais alors abdiqué tout espoir de lunkerisation vespérale. Lancé dans le grand bain en désespoir de cause, mon B'Freeze 65sp arborant fièrement les glorieux stigmates d'une décennie vouée à me sauver de la bredouille ainsi qu'une de mes cuillères tournantes-maison n°2 m'ont donc tiré d'affaire alors que c'était plutôt mal engagé. La faute à la chaleur, à la pluie, à la pleine lune en train de monter ? Je préfère quant à moi y voir un petit miracle nous prouvant une nouvelle fois l'infinie sagesse dont fît preuve le Tout Puissant lorsqu'Il créa la perchette, histoire de sauver temporairement de la dépression nerveuse l'infortuné pêcheur à la ligne contraint et forcé d'exercer son art en Loire-Atlantique dans le cadre d'un implacable contre-la-montre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire