mercredi 5 octobre 2016

Promis, demain, j'arrête...

Proust avait ses madeleines. Stendhal avait son rameau couvert de cristaux de sel. Moi, en toute modestie^^, j'ai dans ma mémoire un moulinet qui siffle et une canne qui se courbe irrémédiablement, le tout tenu par un gamin dépassé par les évènements... Ma première canne à lancer. 9 francs 50 au Leclerc de Gourin (56). Je me souviens encore du prix. Achetée par ma pauvre grand-mère (qui ignorait alors à quel péril elle allait exposer les populations piscicoles du Grand Ouest...). Ce combo connut des jours glorieux avant que son moulinet ne succombasse aux rushs impitoyables d'un gros mulet du port de Piriac (44). Ce dramatique final m'ayant laissé désespéré ; du moins autant qu'on peut l'être devant l'empathie dégagée par un électeur des Républicains, l'animation offensive du FCN ou la qualité orthographique moyenne d'un skyblog ; j'avais juré alors que jamais, au grand jamais, je ne revivrai pareil moment d'impuissance, tétanisé devant mon moulinet sifflant à 120 décibels. Oui mais ça, c'était avant. Avant hier soir...
Rien ne laissait pourtant présager les funestes évènements à venir lorsque, d'une botte décidée, je commençais à fouler les berges du grand fleuve sauvage aux flots frisotés par quelques bourrasques automnales. D'ailleurs,  après une vingtaine de lancés et quatre changements de leurres, j'en étais même arrivé à la fâcheuse impression que le seul objectif du jour serait de sauver la bredouille par n'importe quel moyen y compris un légal^^... Pour ce moins-disant halieutique, j'ai toujours la solution, pour peu honorable qu'elle soit : le Spinnerbait Area made in garage !!! Aussitôt dit, aussitôt fait, direction le spot à chevesnes. Et là... C'est le drame !!!

Boum. La touche qui tue. Le moulin qui s'emballe. Damned. Mister Moustache vient de se piquer à mon bricolage hasardeux. Ce n'était pas prévu mais alors pas prévu du tout. Je suis en nylon 28/100°, certes, mais frein bloqué sur mon moulinet 2500, le poisson tire tout le fil  qu'il veut et je me retrouve obligé à lui courir après en risquant la fracture du col du fémur à chaque caillasse plus gluante que ce qui joue les locomotives au bout de ma ligne... Le salopiot... Il se passera une bonne demi-heure avant que je le vois à quelques mètres de moi. Ah oui, quand même... Une bonne vingtaine de kilos à vue de nez, l'animal. Le spinner piqué au ras de la moustache, il repart pour un ultime rush et là, patatras, le fil se coince sous une caillasse, prend un angle inquiétant et paf, c'est la casse. Manifestant ma contrariété passagère par un petit cri de dépit rappelant celui de King Kong recevant son avis d'imposition, je me reprends toutefois assez vite en me remettant à la pêche de poissons plus à ma portée...
Hélas, le coeur n'y est plus. Le physique non plus d'ailleurs vu que je suis à deux doigts de la tendinite du biceps droit^^... Je continuerais quand même à pêchouiller sans conviction mais après quelques pin's, je lâcherais l'affaire, encore dégoûté d'être passé à côté d'un poisson, certes loin d'être exceptionnel pour le secteur ou l'espèce, mais qui aurait constitué un très beau coup de ligne par rapport au matériel mis en oeuvre...
Cependant, à quelque chose, malheur est bon (je crois bien que ce billet va allègrement dépasser le taux de lieux communs autorisés au centimètre-carré par la commission européenne, non ?^^). Ce petit spot, rompant avec la monotonie de ce grand "radier" ligérien, où les chevesnes batifolent joyeusement à la belle saison, a l'air d'être fort couru des gros poissons dès que "la bise fut velue" comme dit le poète... Une bonne adresse à connaître. Vivement qu'on y retourne...







 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire