lundi 13 mars 2017

Week-end sauvage

Après une longue période d'abstinence due pour l'essentiel au manque d'eau, de temps et à une grosse flemme trimestrielle, j'ai eu la chance cette année de participer à cette grande et joyeuse farandole : l'Ouverture de la Truite. Disons le tout de suite, il s'agit plus de célébrer le retour imminent du Printemps en compagnie de joyeux lurons plutôt que d'espérer prendre autre chose que des truites dont l'enfance s'est passée en mangeant plus de pellets que de tricoptères. 

L'aube se lève : la pleine lune va se coucher et les truites vont se cacher...
Les atteintes aux milieux aquatiques ont aussi fait leurs effets sur les premières catégories de plaine. Là où jadis nageaient par milliers vairons et têtards, on peine à croiser un couple de crapauds fornicateurs aux lourdes tendances exhibitionnistes. Par contre, la population de blaireaux se porte bien. Quoique certains doivent être à la limite de l'organisme génétiquement modifié tant ils tiennent du pachyderme question légèreté de déplacement... Si l'on y ajoute des niveaux d'eau juste assez élevés pour permettre à une Mepps n°2 de ne pas rester à demeure accrochée sur une bouillée de nénuphars ainsi que la nuit de pleine lune, il n'en faut pas plus pour présager de l'ouverture laborieuse...
Que dire de l'expertise ancestrale de notre guide qui lui fait toujours trouver les bons coins peu fréquentés ?^^
Sans compter que les réflexes de certains participants, sortant à peine d'hibernation, sont un poil rouillés (pour rester poli...). Je rate ainsi brillamment les deux seules touches de la matinée. Fallait pas car seuls un petit chevesne décroché et quelques vairons tournant en réunion au psychotique à la simple vue d'un antédiluvien CD Rapala 3cm coloris Perche se montreront assez aimables pour égayer ma longue après-midi...

Pour les collègues, la journée se passe à l'identique. Au soir, nous aurons au compteur 3 truites sorties à 7, ça fait pas riche... A notre décharge, on ne peut pas dire que nous soyons plus que la concurrence passés à côté de la pêche. Les pêcheurs croisés ne donnent pas dans le triomphalisme...
Ah ce petit courant bucolique... Vide de poissons.
L'après-midi sera toutefois exceptionnelle sur un critère précis : la température. Un 24°centigrade pour une Ouverture de la Truite, je ne sais même pas si j'ai connu ça pour une ouverture du carnassier... Rien à signaler à part la perte irréparable d'un Barn 40 récupéré l'année dernière dans des branches basses. Cette perte a été fort heureusement plus que largement compensée par le don de quelques cuillères millésimées (ainsi que d'un précis de pêche moderne datant de... 1941^^) de la part de Monsieur Mailloche, braconnier honoraire, lauréat du Prix Raboliot pour son fameux "Javel sans ma truite !!!" et désormais Conservateur du Musée de la Cuillère de Nouvelle Aquitaine.
Malgré certains ustensiles venus de l'âge d'or du ferraillage champêtre, il faudra déchanter...
Cela dit, en toute franchise, nous n'avons guère été payés de nos tentatives de trekking dans ces confins farouches infestés d'acacias mangeurs d'homme et territoire du légendaire Ferrailleur de la Boutonne (les mamans truites en causent à leurs alevins quand ils ne veulent pas finir leur bouillon de gammares à ce qu'on en dit dans le secteur...). J'en retiendrais surtout le traditionnel apéritif musclé, une brève rencontre avec un chevreuil qui a du frôler la crise cardiaque en découvrant mon museau (qui devait à ce moment-là avoir une couleur approchant celle de la truffe du rennes du Père Noël, voire du costard de celui-ci...) à quelques mètres du sien et la fuite éperdue d'un machin poilu tombé d'un arbre, ressemblant à un écureuil haltérophile, mais dont nous n'avons pas encore, à l'heure où nous mettons sous presse, pu nous accorder sur l'espèce à laquelle il appartiendrait...
N'oublions jamais qu'un pêcheur reposé en vaut deux.
Gardons par ailleurs un silence charitable sur un dimanche grisâtre, à la météo aussi primesautière que Maigret enquêtant à la Toussaint dans le Pas-de-Calais pendant la grève des moules-frites et poussant la fantaisie jusqu'à passer d'un plafond bas le matin à un mode "éléphant bleu" montant dans le vigoureux durant tout l'après-midi. Narrer par le menu notre obstination forcenée à tenter en pure perte de vaincre la malédiction, en alternant les catégories piscicoles, les leurres et les lombrics, en méprisant les précipitations, tout ça pour finir bredouilles et trempés, franchement, ça ne ferait pas rêver les foules que de jouer la transparence totale sur ces tragiques évènements^^...

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