dimanche 16 avril 2017

Le choix de l'embarras

Le lieu commun des lieux communs prétend que le pêcheur à la ligne est un abstentionniste forcené, un être veule, pitoyable, lamentablement rabougri du civisme, préférant de loin s'enfuir dans l'aube naissante vers des recoins bucoliques (ou imaginés comme tels...) plutôt que de faire la queue dans la cour mal balayée d'une école primaire. A sa décharge, on peut comprendre, qu'au premier abord, ce ne soit pas totalement enthousiasmant de passer la moitié de son dimanche à poireauter au milieu de vieux rougeauds vindicatifs résolus à sauver le Patronat de la subversion islamo-bolchevique ou de jeunes actifs propres sur eux convaincu qu'être de droite ET de gauche est la dernière tendance à suivre pour ne pas être considéré illico comme un irrécupérable has-been sur Tweester, Amstramgram et toutes ces pathétiques applications qui permettent à leurs adeptes obsessionnels zombifiés d'ignorer la crasse, la grisaille  et les mains tendues des SDF, la réalité donc, en circulant le nez sempiternellement collé à un écran...Enfin... Il y aurait donc malgré tout encore des gens qui croiraient aux vertus thaumaturges des promesses électorales ?


J'avoue pour ma part fort humblement que, légèrement dubitatif sur les finalités de la discipline, j'évite en général de tester les limites de mon civisme, de ma sociabilité et de ma non-violence en allant me mêler à des gens qui pensent sincèrement voter utile. Mais, triple hélas, cette année (ce qui doit encore être la manifestation tangible d'un ignoble complot maintenant que j'y pense...), le premier tour tombe avant l'Ouverture du carnassier. Vais-je devoir déroger à mes habitudes et m'abaisser jusqu'à acquérir une boîte d'asticots afin d'user d'un échappatoire halieutique qui m'éviterait d'avoir à choisir entre plusieurs mauvaises options propres à réveiller ma misanthropie ?

En effet, comme cela est si souvent le cas avec ce style de pantalonnade, le choix s'avère des plus ardus tant les candidats semblent rivaliser de médiocrité, de bassesse et de projets questionnant fortement leur équilibre psychique... Passons sur la Madame Pitbull de Montretout, la digne fille de son Pôpa jamais en panne d'un bon mot sorti tout droit de l'Almanach Wehrmacht. Oublions de suite le Rapetou des bénitiers (aussi connu sous le délicat sobriquet de Stavisky de Sablé-sur-Sarthe^^). On a sa dignité tout de même... Trancher entre une malhonnête d'extrême-droite et un escroc de droite extrême, c'est au dessus de mes capacités même si voter pour l'un d'entre-eux serait quelque part, en leur accordant hypothétiquement 5 années d'immunité, faire preuve d'humanité en luttant un petit peu contre la surpopulation carcérale.

Dans le genre burlesque maintenant, puis-je un fugace instant imaginer glisser un bulletin pour Dupont-Niaignan, l'avenir d'Yerres, le gaulliste pour noces & banquets, l'homme dont les couinements eurosceptiques sont à l'Appel du 18 juin ce que le coussin péteur est à la bombe H ? Soyons sérieux sinon, tant qu'on  y est, pourquoi ne pas regarder vers les étoiles et accorder notre suffrage à Papy Jacky le Comique martien ? Ou alors carrément, on se lâche. On y va à fond en se vissant fermement un entonnoir sur la calebasse et on se joint, la mâchoire serrée, les yeux fixes et la bave aux lèvres, à la désopilante cohorte de narvalo-complotistes qui en pincent pour l'ancien directeur de cabinet de ce si grand humaniste qu'était Charles Pasqua  !!! Il faut reconnaitre à ce monsieur Asselineau, apparemment toujours convaincu que les frères Kouachi étaient en fait des agents  dormants du Mossad agissant sur les ordres du FBI, de la banque Rothschild et de la commission de Bruxelles, qu'il présente, parmi ses nombreuses qualités, quelques traits de caractère pour le moins originaux qui le hisseraient presque intellectuellement au niveau de certains leaders mondiaux...

-Trump : "Fermons les mosquée !!! Instituons un signe distinctif obligatoire pour les musulmans !!!"
-Hitler :"Vous avez le job !!!"






















































































































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Quant au Bigfoot béarnais, le type qui pousse les traducteurs au suicide, les journalistes politiques à la calvitie précoce et les éleveurs à mettre sous clé leurs brebis pour la nuit, il fait partie de ces amuse-gueules pittoresques, ces énergumènes inattendus à la Marcel Barbu, qui font au final s'interroger sur le nombre d'élus locaux capables d'accorder leur parrainage à certaines formes de vie rustiques n'ayant  jamais entendu parler de l'Ordonnance de Villers-Cotterêts...
Cela dit, même si cela défie quelque part l'orgueil professionnel des orthophonistes, un candidat béarnais à demi alphabétisé, au delà du côté folklorique, reste toujours plus sympathique au fond qu'un produit-marketing aseptisé, concocté aux petits oignions en laboratoire par des communicants barbichus typiques soit "coke dans le nez & Stan Smith aux pieds", et surtout tellement consensuel à se vouloir énergiquement ni pour, ni contre, bien au contraire... Le JFK du Cac40, à mon avis, c'est de la tête de gondole survendue qui risque de finir en solderie dès que Bidibule 1er (alias Monsieur Patate), actuel monarque en exercice (ou si peu...), lui apportera enfin son soutien déclaré...
Un silence gêné serait la manière la plus élégante de saluer les louables efforts du candidat qui tente de maintenir en vie ce qui fut jadis le Parti socialiste. On est plus proche des soins palliatifs que d'une résurrection mais on peut dire pour la défense du quidam que ce futur groupuscule n'est plus socialiste depuis 1983 et qu'il n'est plus un parti, juste un agrégat de satrapies hargneuses,  depuis au moins le Référendum de 2005. Le sémillant nécromant du Finistère, non content de se démasquer comme démagogue adepte d'un revenu universel dont l'usage déborderait le cadre jusqu'ici limité à quelques familles nombreuses sarthoises, catholiques et méritantes, semblant à peine gêné par les 2 tonnes de poignards plantés dans son dos par ses fidèles camarades, trace donc fièrement sa route vers un score sans appel... Porté par un seul espoir : atteindre les 5% d'inscrits. Sinon il en sera de 15 millions de frais de campagne de sa poche. Tu vois où ça mène, hein, Benoît, l'honnêteté..
Par ailleurs, routine typiquement hexagonale se perdant dans les abîmes du temps, nous aurons encore le choix entre nos deux trotskistes de l'étape, l'un jouant les rigolos sans cravate au grand dam des journalistes à leur pépère, l'autre d'un sérieux à faire passer Lavrenti Beria dans ses mauvais jours pour Benny Hill bourré au Salon du Porte-Jarretelles. Il en faut bien deux tant qu'ils ne se seront pas mis d'accord sur un des points essentiels de la Révolution : faut-il fusiller les patrons avant ou après l'apéro Boulaouane-Merguez ?


Enfin, finissons par le morceau de bravoure de cette élection, la chanson de geste puisant aux sources de l'imaginaire français, oui, n'ayons pas peur des mots, par l'épopée mélanchoniste qui ; subtile osmose entre la Grande Marche et la Grande Vadrouille ; semble réconcilier ferveur révolutionnaire et Grand Guignol à la Française. Le Chavez de l'Essonne a le vent en poupe. Le Figaro l'insulte : c'est génial^^. Comparé, par les thuriféraires serviles de l'indélicat à gros sourcils, à Robespierre et à Lénine, Jean-Luc n'entre plus dans ses charentaises, affole les marchés et recueille virtuellement les votes de la France aux fins de mois qui sonnent claires pendant que trépignent, sur fond de Carmagnole-électro et de Bella-Ciao-techno, les juvéniles impatients du Grand Soir... Va être temps que ça se termine cette affaire car ça commence, quand on voit certaines clientèles, à ressembler assez désagréablement à du télé-évangélisme tout ça... 



Allez. Du nerf. Plus qu'une semaine et on aura définitivement choisi entre deux incompétents plus ou moins impatients de taper dans la caisse et n'ayant à peu près aucune chance de contenter les cocus qui auront cru à leur solo de trompette. Soyons patients. Ce ne sont jamais que 5 mauvaises années à passer. Et puis, hein, entre nous, au lieu de nous plaindre du prix du diesel, de la baguette de pain et de la barrette de shit, bordel de merde, ne pourrions-nous pas faire enfin un effort et nous conformer, pour le bien commun, au slogan bien démago d'un des premiers gourous de l'Histoire (qui rassemblait déjà tous les gens de droite et de gauche de bonne volonté, paraît-il...) : "aimons-nous les uns les autres" ? (1).



(1) : je sais, ça ne fait pas crédible vue l'ambiance mais vous me connaissez : dans le doute, je joue lâchement la prudence...

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