dimanche 14 mai 2017

Un dimanche à la campagne

A l'heure des reformations surgies d'un passé mythique comme, au hasard, celle de Blondie, confirmée par un honorable nouvel album, ou celle des Kinks dont la rumeur affole les vieux dandys en boots pointues, chemise à jabot et rouflaquettes d'élite, nous ne pouvions qu'apporter notre pierre qui roule à cet édifice. Benoît, fourvoyé depuis un temps dans le pharaonique chronophage, et moi, abonné aux micro-sorties en solo, avons retrouvé l'espace d'un dimanche des habitudes perdues... Après une halte dans un vide-grenier pêche aussi animé que le buffet de la gare de Châteauroux un dimanche soir, le temps de livrer Spooks et Trairao Jr à qui de droit et d'acheter des leurres qui étaient certainement d'un futurisme outrancier en 1963 mais qui aujourd'hui semblent juste bon à frapper d'une sainte frayeur les truites de bassine, il était temps de passer aux choses sérieuses. Direction la rivière pour aller à la pêche, bon diou d'bon diou !!! A peine sommes nous sur les lieux du drame que Benoît, le regard immédiatement attiré par un petit courant plein de petits chevesnes prend l'amont, la Mepps 00 prête à faire parler la poudre. De mon côté, je descends la rivière sur quelques dizaines de mètre en me dissimulant le mieux possible. J'avise un groupe de chevesnes sur un haut-fond. L'eau est encore fraîche mais je n'ai pas le choix : je sors Frankenstein Junior, mon dernier Bevy Pencil 60. Je place un lancer au ras de la berge et là... Paf !!!... L'incongruité statistique... Un joli brochet me donne du fil à retordre !!!^^
Damned. Un poisson au premier lancer. La malédiction va t'elle encore frapper ? Il faut en effet savoir que c'est un fait acquis. Lorsque je prends un poisson au premier lancer, il est dans 99% des cas le seul de la journée. J'ai un réservoir plein de souvenirs confirmant cette prédiction : un bar au  Spindle Worm puis le néant, une perche au Sledge 7sp Evergreen suivie d'une traversée du désert, un ide au D-Chubby, seul moment d'émotion d'une partie de pêche interminable... Il y a des précédents plein les manuels. Alors que je  suis encore à psychoter sur les conséquences de cet ineffable coup de bol (ou pas^^), Benoît finit par épuiser le filon des mini-chevesnes et nous dévalons ensemble cette petite rivière paisible aux niveaux d'eau pratiques pour le wading, certes, mais extrêmement préoccupants pour les prochains mois...
Benoît, fidèle à sa conception de l'ultra-léger, ratisse méticuleusement à la Mepps 00, voire 0 sur les spots à gros poissons^^, pendant que j'enchaîne souverainement les loupés, les suivis sans suite et les démarrages de poissons mis en fuite par mon approche de gros balourd suant sang et eau au soleil. Cette malédiction du poisson au premier lancer... Bon sang, je me souviens, un soir, un vieil Indien ivre de coca... Hmmm... Le problème avec la superstition, c'est que ça finit toujours par porter malheur. Me reprenant psychologiquement en me mettant virtuellement un gros coup de pied au derrière, je retourne aux fondamentaux. Le poisson-nageur polonais silencieux en balsa au coloris plus que réaliste. La panacée en eaux claires...
Et vlan... Un sandre pris...En surface !!! Alors que je laissais remonter le leurre naturellement pour ne pas m''accrocher en bordure, je vois soudain une masse sombre bouger dans son sillage. Alors que le poisson-nageur s'immobilise à la surface, le sandre se cale dessous, quasiment à le toucher à l'exemple d'un bass méfiant. Un bref coup de scion pour une animation réduite à sa plus simple expression suffit. La bête engloutit le leurre. Et hop... Benoît accourt avec son épuisette et l'affaire est dans le sac. Le moral revient. Nous avons vaincu le signe indien 8-)
Nous continuons encore quelques dizaines de mètre à explorer les lieux avant de reprendre le chemin du retour qui sera ponctué de quelques poissons "oubliés" pendant notre premier passage. Il est temps de se sustenter. Ce qui s'avèrera délicat un dimanche après-midi dans ces contrées isolées mais, rompus à toutes les techniques survivalistes par des décennies de vadrouilles halieutiques dominicales dans les plus improbables terroirs, nous y parviendrons, en toute modestie, avec un brio forçant le respect (et grâce à un distributeur automatique de pizzas^^)... Une fois nos taux respectifs de cholestérol revenus à un niveau honorable, nous retournons, déterminés, à nos waders...
Sur ce nouveau secteur, encore moins profond (c'est dire...), la pêche sera difficile. Heureusement que le Créateur en Son infinie sagesse a crée les perchettes pour égayer nos sorties...
Si elles n'étaient pas là, je me demande bien ce qu'on ferait ?
Sans doute verserions nous dans la morosité, l'aigreur ou même, comme tant de nos "grands hommes" de la gentry halieutique locale, dans la mythomanie galopante, structurante, voire militante, qui sait ?
Finalement, au bout de notre périple, fourbus mais heureux d'avoir évité la bredouille (ce qui est le premier commandement du pêcheur ligérien du bas, ne l'oublions pas, camarades !!!) et même d'avoir eu par moment au bout de la ligne quelques vigoureux poissons fort mécontents de s'être laissés abuser par des artifices médiocres carrément pas fashion dont sont férus les vieux birbes de notre espèce, nous nous sommes quittés sur un constat sans appel : nous avons bien fait d'en profiter maintenant tant les niveaux d'eau et la prolifération d'algues "à nitrates" semblent augurer d'un sombre avenir pour les infortunés poissons de cette petite rivière...




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