jeudi 31 août 2017

Au pays des algues bleues...

A mon humble avis, ce qui fait le plus de mal à la pêche de loisir française, ce n'est pas sa structure bureaucratique héritée de Vichy instituant l'indéboulonnable petit chef et hissant le clientélisme au rang des beaux-arts. Ce n'est pas non plus une réglementation encore plus incompréhensible que le fait de s'abonner au Vélodrome cette saison. Non, le fléau ultime, il n'est pas à poser son brochet sanguinolent sous les yeux en verre de la tête du sanglier empaillé trônant au dessus du percolateur d'un bistrot perdu, au sol semé de sciure, aux tables de formica ayant connu Dick Rivers avec une prostate tout en réclamant haut et fort une Suze, un Ricard ou tout autre apéritif pour homme des bois actif à l'ancienne... Les sept plaies d'Egypte incarnées en une seule entité toujours la gueule ouverte, c'est l'égo sur pattes en maillot lycra à logo, le "vendeur de rêves". Celui qui vous laisse entendre qu'il y a du  poisson partout, que vous ne savez juste pas le pêcher mais que lui, il sait. D'ailleurs si vous achetez le matériel de la marque dont il a le logo floqué sur la casquette, le tshirt et le slip aussi sans doute, vous finirez vous aussi certainement par empiler les brochets du mètre... Bon, en général, il oublie de préciser que 99% de ses brochets à lui, il les prend, détail troublant, en Suède ou en Espagne. A la limite dans l'étang de chasse de 20 hectares de Tonton Raoul. Alors que dans les rivières réduites à l'état de fossés nitratés dès la mi-juin, bizarrement, il ne casse pas des briques...
Mais la propagande a de l'audience. Ainsi, tous les ans, je croise la route de débutants farouchement résolus à pêcher "bigbait" pour faire du "gros fish" et qui s'étonnent sans détour de me voir, moi, fier baroudeur buriné ayant connu l'âge d'or du Rapala en balsa, pêcher en ultra-léger ces rivières à l'étiage. Les malheureux... Les Cagliostro du Blackminnow les ont vu venir de derrière leur comptoir. Grâce à ces champions de l'abus de faiblesse que sont les détaillants halieutiques du secteur et les Rocquencourt du publireportage, les petits naïfs ont lâché deux billets de cent pour avoir le droit de pêcher au One Up 5" chartreuse dans 50 centimètres d'eau translucide sur des secteurs accessibles du bord en tongs où, bien évidemment, le seul poisson-trophée qui y subsiste reste la perchette de 15up...

Il est vrai cependant que proférer de telles assertions d'un pessimisme assumé dans un monde qui a érigé le mensonge comme principal pilier de l'édifice social (même s'il porte désormais le nom moins stigmatisant et plus consensuel de "communication") peut vous facilement vous faire considérer par les esprits faibles (du genre capables de lire Gala ailleurs que dans la salle d'attente du dentiste) comme quelqu'un d'aigri en voulant au monde entier de ne pas avoir eu sa Rolex à quarante balais... Je vous laisse juge. Si vous trouvez normal que les rivières soient encore plus à sec que d'habitude, que chaque caillasse soit recouverte d'algues bleues dégueulasses, ne vous étonnez pas si cet hiver, au comptoir du magasin de pêche ou sur les forums de pêche, quand tout le monde se plaindra d'une saison pourrie, quelques olibrius rappliqueront en toute humilité pour vous expliquer que EUX, ils ont pris plein plein plein de poissons. Et cela, sans trucages^^, simplement grâce au matériel de leurs généreux sponsors, en se contentant de n'aller à la pêche que 12 heures par jour sans avoir ressenti le besoin de se taper plus de quelques milliers de kilomètres à brûler du gasoil car franchement, entre nous, ils vont pas s'abaisser à pêcher la bouillasse à côté des ploucs indigènes. Des fois qu'ils se ramassent une bredouille sous le regard chassieux d'un sans-grade et que ça se sache. Les gens jaseraient... La plèbe peut s'avérer mesquine parfois : de Louis XVI à Mussolini, il y a des précédents plein les manuels.

Mais, pour consternants qu'ils soient, nos hommes-sandwichs de chef-lieu de canton, au final, ne sont nuisibles qu'à la perception de la réalité par le plus grand nombre. C'est là le rôle du vedettariat (tout relatif que soit le concept dans une perspective halieutique franchouillarde...) : un peu de glamour sur beaucoup de cyanos... 
Bref, on a le public que l'on mérite. Et les pollutions dont on hérite. Passons donc le flambeau aux fameuses "générations futures" porteuses du non moins fameux (voire fumeux...) "changement de mentalités" dont nous bassinent les "demi-dieux" de la pêche moderne vue dans le journal depuis 15 ans. Au train où ça se dégrade, je ne sais pas ce qu'on va leur laisser aux moutards... En tout cas, à court terme, un peu moins d'ordures abandonnées sur les berges vu que j'en ai rempli un sac hier soir entre deux averses...

Pour en revenir au volet "Pêche" de ce blog pour atrabilaires misanthropes fétichistes de la perchette (qui semble un peu hypertrophié des récriminations cette saison), j'ai eu l'idée un tantinet saugrenue, pour ne pas écrire masochiste, de délaisser la Loire pour la Sèvre nantaise ; du bord de surcroît, ce qui, les autochtones en conviendront, n'est jamais la meilleure option. En effet, l'usage du float-tube n'est actuellement pas envisageable : la partie basse est recouverte d'algues qui puent et l'amont est si bas que même une paire de bottes semble par endroit bien superfétatoire...
Assez curieusement, contrairement aux dires du Team Pinocchio ou de n'importe quelle autre association de mythos, on y trouve point de brochets démesurés ou de bass taillés comme des tonneaux. Je peux d'autant plus l'affirmer que le niveau de la rivière permet de compter les poissons survivants... On m'aurait donc menti ?^^
Par contre, la perchette y est bien représentée. Ouf. J'ai eu un bref moment d'angoisse durant lequel j'étais à deux inches d'abandonner définitivement la pêche à la ligne pour me vouer corps & âme à un hobby plus constructif comme, par exemple, le sudoku, le curling ou l'optimisation fiscale !!! Mais je dois vieillir car même quelques dizaines de perchounettes ne me font pas passer la pilule devant le triste spectacle de ces amas d'algues...
Il va peut-être arriver un moment où même les plus obtus des pêcheurs à la ligne vont finir par subodorer (quelque part, au milieu des espaces désolés de leur boîte crânienne ; là où souffle sans trêve le blizzard de leur ignorance polissant tant bien que mal la banquise de leur fatuité) qu'en fait, ah ben dis-donc,  ça ne s'arrange pas pour nos milieux aquatiques. Heureusement toutefois que cela se déroule dans un silence proprement assourdissant. Il ne faudrait tout de même pas déranger un élu d'AAPPMA, un militant écologiste ou un syndicaliste agricole pendant leur sieste, ça ferait désordre.

dimanche 27 août 2017

Enfin seul !!!^^

Un bon mois que je n'étais pas allé à la pêche en solo, pour mon compte, sans avoir à trimballer un Padawan à l'enthousiasme rafraîchissant, certes, mais me contraignant à une vigilance de tous les instants pour éviter les multiples catastrophes envisageables dans cette configuration. Place donc à une pêche d'adulte, un truc sérieux, bref un rite social solennel peuplé de vieux mâles bien de chez nous, ronchons sous la couperose et jamais en panne d'un refus de retourner le bonjour aux collègues comme on en croise tant dans les brumes de l'aube dominicale. Ah comme je les apprécie à leur juste valeur, tapis qu'ils sont derrière leur seau à vifs, le regard sournois et la gaffe crantée prête à mettre fin à la carrière éphémère du moindre brochet atteignant à un ou deux décimètres près la liberticide taille légale imposée aux masses laborieuses par les bureaucrates bobos à lunettes hors-sol (je résume^^)... Si j'en parle, ce n'est pas par dépit, par mépris de classe ou même par primatophobie primaire et viscérale, non, non, pas du tout... C'est juste qu'en allant aux aurores pêcher sur les bords de Loire, j'ai été quelque peu surpris de devoir galérer pour me garer car je n'avais jusque à ce jour jamais constaté sur les parkings proche du fleuve une présence aussi massive de véhicules immatriculés dans le Maine-et-Loire. Il s'agit là sans doute d'un effet de l'interdiction de pêche qui frappe ce département. Du coup, j'ai du fouiner un peu pour trouver quelques mètres de libres vu le nombre franchement inhabituel (même pour un dimanche...) de vifeurs alentours... Pensent-ils sincèrement que l'eau est moins toxique sur la rive du 44 que sur celle du 49 ? A moins qu'ils se soient convertis en quelques jours aux joies du no-kill ? Non, je déconne...
Comme disait un alcoolique mondain britannique de droite dont j'ai oublié le nom, on se doit, lorsque l'on incarne la quintessence de l'optimisme, de trouver en chaque difficulté une opportunité. Mais moi, je suis parti à la pêche, pas pour me pignoler de l'aphorisme entre fils à papa ayant entre HEC et Sciences Po appris à siphonner les pièces jaunes des prolos en toute légalité, faut pas déconner. Bref, après avoir lancé dans le vide quelques tonitruants "bonjour !!!" à la jovialité quelque peu surjouée en direction de mes ex-futurs-nouveaux amis moustachus en treillis vintage et à la Gauloise brune (ce fameux marqueur de virilité hérité des seventies !!!) collée au coin des lèvres, il me fallait bien débuter par quelques faussement nonchalants coups de cuillères tournantes faites maison afin de me rassurer sur la présence de poissons sur ce spot délaissé par nos affables affamés ignominieusement chassés de leur terroir par les algues tueuses...
J'ai pu tranquillement harceler le banc de perches embusqué derrière les  trois pauvres caillasses brisant un chouia le courant avant que ces petites malines ne finissent par devenir suspicieuses puis abstinentes. Un dernier poisson, un chevesne suicidaire, clôturera ma période ferrailleur...
Finalement, il est pas si naze que ça, ce spot. Bien sûr, on ne peut pas y caler les quatre bouchons fluos de 50 grammes réglementaires mais quelques poissons y survivent vaille que vaille, ce me confirmera un lancer lointain au Flappin'Sonic (comme quoi, un peu de rangement de temps à autres, ça peut permettre de renouveler l'arsenal^^). Un chevesne bien gras a eu le bon goût de se piquer à ce leurre dispendieux rangé et oublié depuis des années dans un recoin du garage...
La suite s'avèrera un peu moins palpitante jusqu'à une série de perches adeptes du Koolie Minnow. Depuis que ce dernier est équipé d'hameçons simples, il m'est cependant difficile de faire des photos correctes avant l'inévitable décrochage mais qu'importe, le leurre est efficace. C'est le principal.
J'ai même failli finir en apothéose avec 60 cm de perche au bout de la ligne. Non, rasseyez-vous, éteignez vos portables et n'oubliez pas de vous excuser au près de la standardiste du Guinness Book. Soyons clair : je ne parlais pas d'une seule perche énorme mais de deux jolies piquée sur le même leurre, un Water Monitor secoué à la rastafari lymphatique au dessus d'un haut-fond (que j'avais jugé un peu hâtivement jusque là d'une insignifiance d'un niveau rarement atteint en dehors des rangs du Parti socialiste). Comme de bien entendu, j'ai été incapable de prendre une photo de l'exploit et les deux coquines ont taillé la route en profitant de la sensiblerie m'ayant poussé à écraser les ardillons du leurre.
Heureusement, sur le chemin du retour à la civilisation,  mon Water Monitor me ramènera une ultime prise avant que le soleil déjà haut annonçant pour la journée une chaleur accablante ne me confirme qu'il était plus que temps de rentrer au frais soigner la tendinite qui est en très bonne voie de me pourrir la suite de la saison de pêche...


samedi 26 août 2017

Validation d'acquis fluviaux...

Le Sammy100, l'ami des petits et des grands.
Instructeur halieutique, ça ne s'improvise pas. C'est un métier. Mieux que ça, c'est un sacerdoce. Voire même parfois une mission de sacrifice à côté de laquelle les tribulations rencontrées par les 28 de Panfilov ne seraient pas finalement beaucoup plus périlleuses ni salissantes que celles auxquelles nous exposerait notre participation à une soirée verveine-scrabble organisée par l'amicale des fans de l'Inspecteur Derrick de votre riante commune. Sauf si, bien évidemment, nous poussions la taquinerie à nous rendre sur le lieu de la manifestation aux commandes d'un Panzer III tout en ayant absorbé une quantité significative de produits psychotropes vaguement psychédéliques... Mais là n'est pas notre propos. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, j'abomine la verveine !!!

Une nouvelle victime du Spinmad maison...
S'attacher à transmettre ; sous un soleil de plomb, les sinus rongés à la sournoise par les bouffées méphitiques  d'algues canicides fermentées, entre deux raz-de-marées causés par des blaireaux rasant la berge à fond les ballons rien que pour faire chier le monde ; quelques notions basiques à un Padawan plus excité qu'une puce dans un foyer d'hébergement d'urgence, ça, c'est du sport. Me font bien rire les décathloniens, tiens... Quand en une seule sortie, on doit se livrer à l'escalade d'un marronnier pour y récupérer un popper, braver un courant de radier pour décrocher sans entamer un numéro de rafting improvisé une cuillère tournante fétiche ou se livrer à un numéro d'Ultimate Fighting avec une harde de sangliers dérangée par l'arrivée inopinée d'un poisson-nageur au milieu de sa souille favorite, on ne peut s'empêcher, depuis son lit d'hôpital, de se gausser de ces pseudo-sportifs en justaucorps fluos... Mais pas trop... Sinon ça risque de faire beuguer le scope...
Un beau chevesne grâce à LA cuillère spéciale faite maison classée secret-défense !!!^^
Certes, s'occuper de jeunes autrement qu'en intégrant la fonction pénitentiaire, une compagnie de CRS ou même, pour les plus audacieux, l'éducation nationale, est un challenge risqué. Mais la récompense est souvent à la hauteur de l'enjeu. Il arrive même que certains jeunes ne portent pas plainte après une bredouille, voire qu'ils vous remercient lorsqu'ils finissent par prendre (après avoir poussé leur pédagogue aux limites ultimes de la dépression nerveuse) un poisson... 
A la prochaine !!!
Pendant ce temps-là, il faut se faire une raison : entre les noeuds à refaire, les perruques à démêler et les leurres à débarrasser de leur carapace dégueulasse d'algues bleues filamenteuses, on ne pêche pas, monsieur, on ne pêche pas... Cela dit, malgré les gaufres dans les ronces où on finit la cage thoracique poncée sur les caillasses et les avant-bras en capilotade, malgré les nuées d'insectes sadiques prompts à nous saigner d'importance, malgré l'ignoble promiscuité estivale qui nous impose la présence envahissante de ce que je considère avec une partialité assumée comme la lie de l'humanité (ceux qui me connaissent savent que je parle ici des amateurs de RnB à RayBan contrefaites, sinistres zazous engoncés dans des bermudas réformés du casting des Chtis pour "couleurs criardes"...), il nous arrive de ne pas regretter notre journée... 
Pin's au Sammy100, c'est ça la transmission des traditions^^
Et oui, il arrive, qu'ignorant l'impitoyable loi statistique qui fait de la pêche l'été en Loire-Atlantique un calvaire infâme potentiellement mortel, par un inexplicable miracle, une sortie puisse se conclure par un franc succès. Enfin, succès, je me comprends. Vu le contexte indigène, un succès halieutique estival consiste essentiellement à prendre quelques poissons et accessoirement à ne pas ramener la leptospirose à la maison... Tout ça pour en arriver au constat réjouissant que le hardi Padawan est désormais quasiment au point en ce qui concerne le maniement des leurres de surface, joue du crankbait comme un sponso japonais et ne s'avère pas maladroit non plus avec les effroyablement roturières cuillères de fabrication maison. Ouf, tout est bien qui finit bien au bout d'une longue épreuve faite de coups de soleil, de lancés à la trajectoire aléatoire finissant dans les plus improbables endroits et de remise en question de mon approche éducative un petit peu trop inspirée de la méthode pédagogique contestée qui fît jadis la renommée de feu le sergent Hartman^^. 

vendredi 25 août 2017

Tour de force...





Le bassin de la Loire menacé par la prolifération d’algues bleues

Ce phénomène, récurrent dans la région, a provoqué la mort de treize chiens depuis le début du mois et menace les activités sur le fleuve et ses affluents.

La vigilance était de mise depuis le début du mois d’août et la mort de treize chiens. Vendredi 18 août, la préfecture de Maine-et-Loire a confirmé la présence dans la Loire de cyanobactéries toxiques.

« Les analyses (…) ont permis de confirmer la présence de deux genres d’algues de la famille des cyanobactéries dont la toxicité est reconnue : Oscillatoria et Formidium (Sic. Notez la faute d'orthographe... Stagiaire feignant, va !!!). » Celles-ci menacent de nombreuses activités sur le fleuve et ses affluents, de la pêche au nautisme, en passant par la chasse. Dans ce seul département, douze intoxications de chiens dont neuf mortelles ont été signalées. La mort suspecte d’un autre a été signalée dans l’Indre-et-Loire. Le long du Cher, trois autres chiens ont aussi été foudroyés. Mais si le nombre de décès d’animaux est d’une ampleur inédite cette année, le phénomène de prolifération de ces algues, lui, n’est pas nouveau. Il a déjà été observé dans l’Hexagone depuis quelques années.

« Phénomène assez nouveau »

Les cyanobactéries ou algues bleues, sont communes dans le monde entier. En France, le bassin Loire-Bretagne est connu pour les abriter, mais il n’est pas le seul. Elles ont aussi été identifiées dans les Landes, par exemple. Ces toxines peuvent être mortelles pour les animaux. Chez l’humain, elles peuvent provoquer des symptômes divers : « irritation cutanée, crampes d’estomac, vomissements, nausée, diarrhée, fièvre, angine, céphalées, douleurs musculaires et articulaires, vésicules autour de la bouche et atteinte hépatique », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « C’est un phénomène assez nouveau, très probablement lié aux conditions climatiques actuelles, la sécheresse et le niveau des cours d’eau très bas. Si sa fréquence augmente, il faudra qu’on mette en place des outils de surveillance », a expliqué à France Bleu Olivier Coulon, chargé de la surveillance de la qualité des cours d’eau à l’Agence de l’eau Loire Bretagne.


Plages désertes
Dans les départements touchés, les autorités multiplient les recommandations et les interdictions. Il ne faut pas laisser les chiens se baigner, en particulier dans des eaux stagnantes, et il faut les tenir en laisse. Pour les personnes, il est conseillé de ne pas consommer l’eau ni les poissons qui y sont péchés et d’éviter la baignade. Celle-ci est habituellement autorisée dans le Cher, la Loire et la Vienne, mais uniquement dans les zones surveillées – là où la qualité de l’eau est contrôlée. Mais les autorités, qui s’inquiètent du nombre d’estivants qui pourraient braver les interdictions, ont décidé de fermer aussi les plages surveillées. C’est le cas à Rochefort-sur-Loire (Maine-et-Loire). A Montrichard (Loir-et-Cher), où la baignade dans le Cher a été interdite du 3 au 9 août, « la plage était déserte. Des touristes sont certainement partis et le bar-restaurant de la plage a vu son activité chuter », déplore le premier adjoint au maire, Pierre Langlais.


La pêche et la chasse concernées
La pêche a déjà été interdite dans la Loire et son affluent, le Louet, dans le Maine-et-Loire. Il existe en effet une « possibilité que les poissons soient contaminés par les cyanobactéries », précise la préfecture. « Pour l’instant, ce n’est pas dramatique, mais il ne faudrait pas que la situation perdure jusqu’à l’ouverture de la pêche à l’anguille, le 1er octobre », s’inquiète Jérôme Monfray, président de l’Association des pêcheurs professionnels du bassin de la Loire. La présence présumée de cyanobactéries a même perturbé l’ouverture de la chasse au gibier d’eau, lundi. Sur recommandation du président des Chasseurs de Loire, Laurent Roussel, la plupart des chasseurs ont chassé sans leur chien. « On préfère ne pas prendre de risques », commente Laurent Roussel. « Nous aimons nos chiens et ça ne pardonne pas : apparemment, la mort est foudroyante », insiste-t-il. « C’est dommage, la chasse en été, c’est surtout le plaisir de la balade avec le chien », regrette-t-il.



Incroyable travail de plumitif concerné au plus haut point par les enjeux environnementaux, n'est-ce pas ? On y pleurniche sur la baisse du chiffre d'affaire de la buvette de Triffouillis-les-Oies, on y compatit gravement aux soucis des viandeurs d'anguilles (une espèce en voie d'extinction mais bon, faut bien que les ploucs s'occupent quand ils ne servent pas des demis aux touristes...) et on y salue bien bas le sens du sacrifice des tueurs en série de sarcelles qui vont laisser Youki dans sa niche pour aller en solitaire buter des piafs qui, détail cocasse quand on y songe, pataugent, marinent et se nourrissent toute la journée dans le même bouillon de culture s'avérant létal pour les clébards... Quelque chose m'échappe : à votre avis, ils vont finir par à un moment les manger leurs palmipèdes et leurs catadromes plombés aux cyanobactéries, les amis de la nature et des engrais, là, vous croyez ? Ils se posent pas un instant la question de savoir s'il est tout à fait opportun d'ingérer des animaux morts qui vivaient auparavant dans ou sur de la flotte si digne de confiance qu'elle est suspectée de se montrer capable d'expédier Médor vers le Grand Nulle Part ? Je vous laisse méditer sur ces fortes paroles.


Ah, j'oubliais !!!

Rassurez-vous : aucun agriculteur n'a été maltraité pendant la rédaction de cet article.

jeudi 24 août 2017

Formation continue

Alors que la torpeur aoûtienne si prodigue en (inopportunes quoique sinistrement saisonnières...) apparitions massives de quiches en tongs sur nos berges favorites, me contraignait à une inactivité halieutique salutaire pour l'épiderme, la tendinite et la réduction de mon proverbial taux estival de grosses gamelles sur cailloux vaseux, mon Padawan, par son insistance opiniâtre, a fini par avoir raison de ma léthargie temporaire.
D'accord pour aller défier la bredouille, ô fidèle disciple. Mais nous allons prudemment éviter certaines zones où croisent trop de blaireaux gâchant pathétiquement leurs congés-payés (ainsi que de l'énergie fossile qui nous fera bien défaut quand les Russes nous envahiront...) en faisant vroum-vroum-plouf-plouf sur leurs petits pneus de minables alors qu'ils pourraient se contenter de caler leurs miches de blaireaux aux neurones en chamallow sur une des chaises bancales de leur bibliothèque municipale afin de tenter désespérément de combler les abysses culturels hérités d'une scolarité désastreuse en y méditant en silence sur le sens profond des écrits de Marc-Aurèle, Spinoza ou Frédéric Dard... On serait plus tranquille au bord de l'eau, il y aurait moins de déchets à souiller les rives et on aurait pas à entendre leurs rires simiesques virant à l'hystérique retentir au milieu d'un tourbillon de cyanobactéries. Car vous n'êtes pas sans savoir, comme le disait dans sa grande sagesse le dernier philosophe cité, que "le bonheur des cons fait toujours peine à voir..."

Bref, au diable les fâcheux... Pour vivre heureux, pêchons cachés... C'est donc dans la moiteur de la jungle putride du vignoble, là où la main de la 4G n'est pas près de mettre les pieds, que nous allons porter le fer... Bon, la  ferraille, si vous voulez... Armés en tout et pour tout de notre inflexible volonté de résister aux moustiques, aux orties et à la chaleur, nous nous sommes engagés dans un de ces safaris-perchettes endiablés qui ravissent toujours petits & gros grands...
Une fois de plus, sans surprise excessive pour qui ne méconnaît les qualités mécaniques de ces engins démoniaques, c'est une cuillère-vintage venue du Maillochistan qui se taillera la part du lion. Mon petit Padawan réussira même à prendre avec celle-ci ce "gros fish dans ta face" (du moins c'est comme ça qu'il le décrirait certainement s'il avait sa chaîne youtube et y sévissait au delà du  tolérable en y postant incontinent des vidéos sonorisées avec du RnB pour kékés de kermesse^^).
Fort heureusement, ce n'est pas (encore...) le cas. Le Padawan sait raison garder. Heureusement car cela nous évite, en tant qu'adultes responsables, attentifs et mélomanes, d'avoir à donner dans la répression acoustique en l'obligeant à subir en revenant de la partie de pêche, volume à fond dans l'autoradio, certaines formes d'expressions sonores (rien à voir avec Luc au passage...) venues d'un lointain passé fertile en rouflaquettes, chemises à fleurs et boots pointues  à talonnettes^^...


mercredi 9 août 2017

Apprentis sages (ou presque^^)

Le mois d'août, traditionnelle traversée du désert du pêcheur sportif (ou se considérant comme tel malgré tous les signaux négatifs que lui envoie son enveloppe corporelle), constitue l'occasion rêvée de prouver aux enfants de la famille qu'un adulte n'est pas seulement un type bizarre amateur de chanteurs morts, une source perpétuelle d'interrogation quant à la pertinence de ses choix vestimentaires ou pire un indécrottable nostalgique friand d'anecdotes footballistiques remontant à Mathusalem voire à Henri Michel ... Je sais que ce n'est pas évident à admettre quand on a 10 ans mais un adulte s'avère de temps à autres plus complexe à appréhender dans ses contradictions intrinsèques que ne le sont par exemple un sosie de Daniel Guichard gagnant chichement sa vie au hasard des thés dansant endiablés des maisons de retraite provinciales, un estivant quinquagénaire fringué comme Justin Bieber se la racontant sous sa moumoute sur le remblai de la Baule ou un type en survêtement vintage en polyester, aux bajoues encadrées de rouflaquettes très second Empire, claironnant à qui mieux-mieux dans son PMU attitré que "Neymar à côté d'Albert Gemmrich, c'est qu'une trompette métrosessuelle épicétou, remets-moi donc une Suze, tiens, Dédé".
L'adulte, parfois, c'est l'amer à boire. Ce qu'on peut admettre entre nous. Englué dans sa pathétique ambivalence d'enfant ayant mal tourné, tentant à grands renforts de picon-bière d'oublier qu'il attend la mort en redoutant l'interdit bancaire, l'adulte est multidimensionnel : contribuable angoissé, électeur de droite honteux (synonyme : socialiste) ou, dans les cas les plus graves (heureusement fort isolés), dangereux utopiste pariant sur les vertus de l'éducation, voire sur le potentiel qu'aurait la jeunesse d'améliorer les choses dans un avenir lointain... Une erreur tragique fréquemment renouvelée depuis le néolithique, hélas.
Je comprendrais toutefois qu'un public d'âge mûr ; que l'on sait désormais tout à fait capable de se livrer aux pires exactions comme suivre le Tour de France, écouter Céline Dion ou même considérer Emmanuel Macron comme un moindre mâle mal ; s'offusque aux exemples d'adultes que j'ai brièvement évoqués. En effet, l'adulte n'est pas que ridicule. Il peut aussi se révéler, avec une fréquence outrageusement élevée, dangereusement con. D'autant plus qu'il ne manifeste jamais de fatigue apparente quand il est décidé à le prouver au voisinage. Si l'adulte était vraiment, comme il aime à se décrire avec complaisance, si "responsable", pensez-vous, mes chers enfants, qu'on aurait inventées ces horreurs bafouant les lois fondamentales de la conscience humaine que sont la bombe atomique, le slip-kangourou thermolactyl et le gratin de céleri tous les mardis à la cantine ?
Bref, tout ça pour dire que les adultes, c'est comme les Miss France et les Mormons ou même les philatélistes et les arrières gauches ne jouant pas à l'Olympique de Marseille : il y en a des biens. Et je ne dis pas ça parce que cela va bientôt faire quarante ans que je ne peux plus bénéficier du menu-enfant au Flunch, hein... Je ne suis pas ce genre de démagogue. Mais revenons-en à notre propos initial. Le mois d'août, terre d'élection du blaireau en tongs, du randonneur en K-way fluo et du 2be3 en jet-ski, ne vaut pas grand chose niveau pêche. Si l'on y rajoute la sécheresse et l'invasion des cyanobactéries sur toutes nos petites rivières, il ne reste qu'une chose à faire (en dehors de profiter du séjour de ses voisins de palier à Palavas pour les cambrioler, bien sûr) et c'est d'initier les enfants à la pêche à la ligne là où reste un peu d'eau pas trop croupie.

Une simple canne au coup, quelques asticots, voire pour les plus dégourdis quelques leurres discount trompe-la-mort, suffisent à faire naître sur les traits juvéniles de nos joyeux hobbits l'esquisse d'un sourire de contentement qu'on leur croyait jusqu'ici impossible à arborer hors du contexte d'une victoire à Call of Duty,  de l'ouverture d'un paquet de bonbons acidulés plein de nanoparticules cancérigènes, voire de l'annonce inopinée de l'annulation du cours de maths en raison du décès accidentel du professeur tombé dans l'escalier à cause d'un savon noir mystérieusement oublié tout en haut des marches... Ah, l'innocence de l'enfance... Et si se contenter d'offrir, ne serait-ce que quelques heures de temps en temps, un peu de joie aux enfants avant qu'inexorablement Chronos ne les transforme au fil des années en des êtres falots, résignés au vote utile, coiffés comme des conseillers fiscaux, et même, dans certains cas extrêmes, capables d'écouter Alain Duhamel causer avec Arlette Chabot des projets enthousiasmants d'un centriste pyrénéen quelconque sans verser dans une somnolence discrète, ce n'était pas ça, finalement, être un adulte à peu près convenable ?