samedi 28 octobre 2017

Tuteur en série

Avant que les hordes insanes de gosses surexcités par une surdose de sucre industriel ne viennent sonner à votre porte puis lapider votre véranda à grands renforts de boules de pétanques afin de vous faire chèrement payer votre refus de l'américanisation galopante, du diabète pour tous et du maintien de l'action Haribo, il est parfois de bon ton (voire de bon tonton si votre oncle est plus sympa qu'il en donne l'impression derrière sa pilosité faciale ébouriffée rappelant un peu Chewbacca au réveil) d'aller s'ébrouer au grand air. Cette année, le Padawan bondissant a donc eu droit à son escapade maraîchine entrecoupée d'un street-fishing très mitigé tant les niveaux apocalyptiquement bas, une eau d'une clarté surnaturelle et la prolifération des plantes aquatiques n'ont pas facilité la pêche...
Heureusement qu'une alternative (non encore déposée à l'Inpi par de douteux mercantis...) existe !!! Et oui, amis consommateurs pêcheurs urbains, chétifs, blafards et si banlieusards dans votre survêtement en lycra scintillant de pellicules, vous n'êtes pas condamnés à perpête à décorer en grattant le fond du cloaque aquatique local les rayons des caddies ou des mobylettes volées de toute la collection automne-hiver des leurres souples de la maison Reins, voyons... Pourquoi d'ailleurs, tiens, quand on y songe, se contenter de slalomer, d'une paire de Vans hésitante quoique primesautière, entre les pyramides excrémentielles de Golden Retrievers trop bien nourris alors que la campagne toute proche regorge de bouses de vache d'une toute autre facture ?
Premier brochet d'une longue carrière ?^^
A quoi bon s'obstiner à subir le plus stoïquement du monde les injures fleuries émanant du gosier fort bien humecté de beaufs avinés agonissant le pêcheur depuis leur pas de porte quand on peut au hasard des berges bucoliques échanger sans chichis avec des ichtyologues autodidactes ruraux intimement convaincus qu'un black-bass adulte mange 5 sandres maillés par jour ? Il serait idiot de se priver de ce saut dans l'inconnu, de cette Quatrième Dimension de la science halieutique, voire simplement de la caresse revigorante du souffle épique qu'offre ce style d'épopée d'un folklorique assumé s'inscrivant dans une riche tradition hésitant entre la "Horde sauvage" et "Ni vu ni connu". Ne nous privons pas pour de viles ou vagues raisons (de confort, de transports ou même d'addiction à la mode contemporaine nous ayant entraînés jusqu'aux limites du fanatisme vestimentaire faisant du refus du port ostentatoire des bottes en caoutchouc un idéal indépassable) de  l'accomplissement que l'on peut trouver en relevant ce challenge visant à repousser nos limites, quitte à marcher à plus de 200 mètres d'un parking, d'un fast-food ou, pour les plus âgés d'entre nous, d'un PMU ouvert... Quoi qu'on puisse y faire, c'est tout vu : le Street-fishing a vécu. Désormais, le Country-Fishing est le seul dans le coup.
Embusqué à l'abri du soleil, attention, le traqueur de perches est concentré comme jamais.


Cela dit, pour être tout à fait honnête, encore faut-il savoir où aller à la campagne. Car la campagne, comme la ville avec ses SDF mutants, ses parcmètres sadiques et ses poissons blasés, peut aussi receler quelques dangers. Aller tout guilleret récupérer le Chubby allègrement lancé par le pétulant Padawan dans un champ adjacent peut parfois s'avérer plein de périls. Tout spécialement quand le dit-Chubby est désormais techniquement un piercing ornant le mufle virant au vrombissant d'Attila, le taureau du Père Fouesnard ; celui qui est interdit à vie de corrida pour brutalité excessive. Je parle du taureau, hein, pas du vénérable Père Fouesnard, honnête braconnier alcoolique n'ayant jamais gardé plus de poissons qu'il n'en prenait, ça se saurait, et dont, détail cocasse, le patronyme reste une source de calembours inépuisable au comptoir en formica du plus proche estaminet. Une fois ce leurre récupéré au péril de mon intégrité physique, à l'issue d'un long footing rustique et d'un petit peu de full-contact viril mais bovin, le Padawan, soucieux de démontrer qu'il a bien retenu la leçon, s'en empare et le lance avec détermination vers un vague remous causé à première vue soit par un couple d'ablettes hyper-actives soit une troupe de gerris pétomanes. Bravo !!! Ce remue-ménage était en fait une chasse de perches !!!
Bien sûr, la progression n'est pas linéaire. On rechute par instant dans l'à-peu-près, l'optimisme débridé ou même, sans y prendre garde à temps, dans le pharaonique prédatorien de la haute-époque...La faute de goût guette le jeune pêcheur aussi implacablement que le jeune black-bass tapi derrière sa  touffe de myriophylles lorgne la libellule engourdie par les premiers frimas nocturnes !!!
Mais qu'à cela ne tienne, on en revient toujours à ces valeurs sûres que sont les crankbaits, véritables truffiers du lunker automnal !!! Sous un soleil de plomb (25°c à l'ombre pour une fin octobre !!!), le Padawan aura finalement atteint ses deux objectifs de la semaine : pêcher le premier black-bass et le premier brochet de sa toute jeune carrière de casteur junior^^...
Bravo, c'est super mais bon, ce serait gentil d'en laisser un peu aux autres du poisson, non ?^^


mercredi 11 octobre 2017

Petit carton aux leurres-maison...

Lorsqu'un président de club de football clame devant une forêt de micro qu'il soutient sans réserve son entraîneur malgré une série de défaites humiliantes défiant toutes les statistiques connues, on sait pertinemment que le mec en question sera viré le lendemain à coups de fourches. Quand un accusé se présente au tribunal avec Rayban sur le nez, pelisse en poils de chameau sur le dos et cigare cubain au bec, en affirmant qu'il fait confiance à la justice de son pays, on sait déjà qu'il est coupable. En effet, il est de notoriété publique que les innocents traînés en ces lieux par les gendarmes ont en général une foi légèrement moins affirmée envers l'infaillibilité supposée de la noble institution. Dans le même genre de déconstruction sémantique pour les Nuls, dès que j'entends un pêcheur se vanter de ses exploits sur une rivière quelconque (malgré pollutions, sécheresse et autres plaies d'Égypte s'étant parfaitement acclimatées aux doux climat de la Loire-Inférieure...), c'est plus fort que moi. Il faut que j'aille voir de quoi il en retourne afin de confronter les dires du Tartarin avec la réalité...
Croyez moi ou pas, on en sort rarement déçu... Au moins dans un sens... C'est là qu'on mesure l'étendue de l'épidémie de mythomanie sévissant sur les réseaux (dits) sociaux. J'ai eu beau chercher, je ne les ai pas trouvés les bancs de sandres dépassant le mètre. Ma déception a donc été totale^^...
Cela dit, je n'étais pas le seul à traquer les percidés de taille respectable. J'ai croisé quelques pêcheurs, fort aimables au demeurant (il y en a un qui m'a presque retourné mon bonjour avant de se rendre compte que ça faisait gravement tapette d'adresser la parole à un étranger même pas du village...), acharnés à rotofiler d'importance les myriophylles (sport local de mai à novembre)  à l'aide de ces triples n°1 armant les montures Drachkovitch plombées d'une chevrotine 15 grammes manifestement indissociables des King Delalande 15cm jaune Tour de France, fiers fleurons des bacs de soldes Décathlon, mais dont l'efficacité, dans des rivières profondes de 30cm à l'eau claire comme de la Vittel, reste toutefois encore à démontrer, j'en ai bien peur...
Ne pouvant lutter face à cet étalage de science halieutique, je me suis donc vite réfugié dans mon Shangri-La du Loser rivulaire : la traque décomplexée de la perchette en ultra-léger. Mais là aussi, il faut muscler son jeu par ces temps de disette. C'est qu'elles sont discrètes les bougresses. Pas la moindre chasse à l'horizon entre les amas de feuilles mortes...
Malgré tout, sur un de ces micro-spots encore réduit par la sécheresse, mon Towadi chinois me rapportera le plus petit chevesne de la flaque. Merci bien, tiens... Les gros, alertés par le combat, ont dévalé sans demander leur reste. Inutile de patienter pour qu'ils redeviennent mordeurs. Vu le faible niveau d'eau, ce serait peine perdue.
Changeons plutôt de spot. Certains, fréquentés par une populace peu recommandable (amas de nylon vrillé, cannettes de bière en tas et blisters jetés à tous vents...), ne m'offriront que de rares et timides touches de perchettes dont la taille moyenne en dit plus long sur le massif viandage local que ne pourraient le laisser entrevoir bien des longs discours...
Finalement, devant le manque de réaction des perches face aux leurres métalliques (la cuillère vintage ne prendra que 5 petits poissons...) et aux leurres de surface (un seul chevesne au Towadi), j'en reviens à cette incongruité technique qui me vaudrait (si elle était portée à la connaissance des grands maîtres de l'halieutisme moderne du progrès de demain par quelques sycophantes méritants bien sûr...) une mise à l'index majeure (à moins d'un petit coup de pouce...Désolé, pas pu m'empêcher). Pêcher au leurre souple avec une canne que d'aucuns qualifieraient de "nouillasse", faut oser... Et le pire, c'est que ça marche. Grâce à mes petits shads maison fleurant encore bon la sardine huileuse malgré deux ans de placard (c'est beau les innovations technologiques personnelles^^), les perches engament la seconde de trop nécessaire à un ferrage optimal... Et puis, bon, honnêtement, vu la profondeur et la turbidité, je ferre 80% du temps à vue...
En une demi-journée, je n'en perdrais que deux sur accrocs. On reste dans l'économique. Je n'ose imaginer une pêche pareille au One Up 2"... De quoi y laisser 3 paquets, je vous laisse compter... Les leurres souples-maison vont devoir tout de même partir au recyclage car au bout de quelques dizaines de perchettes, ils sont un peu déchirés de partout, les micro-shads à leur pépère...La rançon du succès.
Sur le dernier spot où je m'arrête, ô miracle, les choses sérieuses commencent. Jusque là j'avais picoré 5 perches par ci, 3 autres par là en changeant de spot dès que le ratio de touches diminuait. Ici, inexplicablement, c'est l'orgie. Peut-être que le coin est moins fréquenté ? Que ceux qui y pêchent dédaignent s'abaisser à pêcher la perche ? Je n'en sais rien mais ils perdent quelque chose...
Là, on arrête de compter, on prend. Les shads-maison couturés de partout entament leur baroud d'honneur. Un lancer = un poisson. Ce n'est toujours pas bien gros (bel euphémisme^^) mais la frénésie m'enchante. Cela paye quelque peu les longues journées de bredouille qui, un jour ou l'autre, guettent l'infortuné pêcheur de base (épreuve qui épargne contractuellement les Tartarins d'Internet, évidemment, la question ne se pose pas, voyons...). 
Bref, comme tout vient à point à qui sait attendre, dans les arrêts de jeu de la sortie, alors qu'il devenait franchement urgent de regagner ma tanière, c'est une fort jolie perche qui, par surprise, vient conclure la sortie, toujours grâce à un des mes shads-maison au délicat parfum de concentré de sardine. Voila un poisson conquis de haute lutte après des dizaines de pin's voraces. Youpi. Enfin une preuve tangible que la traque automnale en rivières quasiment à sec n'est pas seulement une irréfutable manifestation publique de pathologie mentale...


dimanche 8 octobre 2017

Début d'automne sous le signe de la sécheresse

A un certain moment, je vais devoir regarder la vérité en face : je commence à avoir un mal fou à trouver des titres sinon inédits du moins percutants. Mais comme j'ai encore plus de mal à me dégager un peu de temps pour aller à la pêche, cet inconvénient reste tout à fait secondaire... Résumons-nous : peu de disponibilité, des rivières incroyablement basses et une tendinite subreptice prête à se réveiller au moindre Walking the Dog un peu trop vigoureux. Une solution s'impose : l'ultra léger sur les cours d'eau à proximité. A quoi bon brûler de l'essence ? La sécheresse sévit partout.
Pour entamer ma petite sortie sous une bruine rafraîchissante loin de pouvoir recharger la nappe phréatique, j'ai la chance de repérer un beau chevesne maraudant entre les tiges décharnées des nénuphars. Après une approche plus discrète qu'un intellectuel au Parc des Princes, je dégaine mon Towadi "aliexpress" et le dépose délicatement, d'un lancer balancé sous la canne d'anthologie, à 20 cm de sa nageoire caudale. Le reste, modestement, appartient à l'histoire^^...
La suite s'avèrera moins trépidante cependant. Quelques perches se laisseront duper par les indémodables cuillères tournantes vintage mais ce n'est plus l'orgie de touches de ces dernières semaines. L'eau s'est refroidie, ça commence à se voir. Heureusement que j'ai emmené avec moi quelques micro-shads faits maison et stockés depuis une éternité dans une petite boîte Plano...
Manifestement, l'arôme sardine ne s'est pas totalement évaporé !!! Sur une tête plombée de 0,8 gramme, ils vont me permettre de "gratter" (si l'on peut employer ce terme avec une canne UL et un nylon 14/100°...) à la méticuleuse les coins et recoins dédaignés par les pêcheurs du dimanche.
En deux petites heures, ce n'est pas moins d'une trentaine de perchettes qui engloutiront mes micro-shads. Coopératives, elles ne m'en détruiront qu'un seul par gobage de caudale^^. Évidemment, avec une canne parabolique à 20 euros, j'en décrocherais au moins autant mais qu'importe. L'essentiel n'est-il pas d'avoir un peu d'action quelle que soit la taille ou l'espèce du poisson ?