mercredi 11 octobre 2017

Petit carton aux leurres-maison...

Lorsqu'un président de club de football clame devant une forêt de micro qu'il soutient sans réserve son entraîneur malgré une série de défaites humiliantes défiant toutes les statistiques connues, on sait pertinemment que le mec en question sera viré le lendemain à coups de fourches. Quand un accusé se présente au tribunal avec Rayban sur le nez, pelisse en poils de chameau sur le dos et cigare cubain au bec, en affirmant qu'il fait confiance à la justice de son pays, on sait déjà qu'il est coupable. En effet, il est de notoriété publique que les innocents traînés en ces lieux par les gendarmes ont en général une foi légèrement moins affirmée envers l'infaillibilité supposée de la noble institution. Dans le même genre de déconstruction sémantique pour les Nuls, dès que j'entends un pêcheur se vanter de ses exploits sur une rivière quelconque (malgré pollutions, sécheresse et autres plaies d'Égypte s'étant parfaitement acclimatées aux doux climat de la Loire-Inférieure...), c'est plus fort que moi. Il faut que j'aille voir de quoi il en retourne afin de confronter les dires du Tartarin avec la réalité...
Croyez moi ou pas, on en sort rarement déçu... Au moins dans un sens... C'est là qu'on mesure l'étendue de l'épidémie de mythomanie sévissant sur les réseaux (dits) sociaux. J'ai eu beau chercher, je ne les ai pas trouvés les bancs de sandres dépassant le mètre. Ma déception a donc été totale^^...
Cela dit, je n'étais pas le seul à traquer les percidés de taille respectable. J'ai croisé quelques pêcheurs, fort aimables au demeurant (il y en a un qui m'a presque retourné mon bonjour avant de se rendre compte que ça faisait gravement tapette d'adresser la parole à un étranger même pas du village...), acharnés à rotofiler d'importance les myriophylles (sport local de mai à novembre)  à l'aide de ces triples n°1 armant les montures Drachkovitch plombées d'une chevrotine 15 grammes manifestement indissociables des King Delalande 15cm jaune Tour de France, fiers fleurons des bacs de soldes Décathlon, mais dont l'efficacité, dans des rivières profondes de 30cm à l'eau claire comme de la Vittel, reste toutefois encore à démontrer, j'en ai bien peur...
Ne pouvant lutter face à cet étalage de science halieutique, je me suis donc vite réfugié dans mon Shangri-La du Loser rivulaire : la traque décomplexée de la perchette en ultra-léger. Mais là aussi, il faut muscler son jeu par ces temps de disette. C'est qu'elles sont discrètes les bougresses. Pas la moindre chasse à l'horizon entre les amas de feuilles mortes...
Malgré tout, sur un de ces micro-spots encore réduit par la sécheresse, mon Towadi chinois me rapportera le plus petit chevesne de la flaque. Merci bien, tiens... Les gros, alertés par le combat, ont dévalé sans demander leur reste. Inutile de patienter pour qu'ils redeviennent mordeurs. Vu le faible niveau d'eau, ce serait peine perdue.
Changeons plutôt de spot. Certains, fréquentés par une populace peu recommandable (amas de nylon vrillé, cannettes de bière en tas et blisters jetés à tous vents...), ne m'offriront que de rares et timides touches de perchettes dont la taille moyenne en dit plus long sur le massif viandage local que ne pourraient le laisser entrevoir bien des longs discours...
Finalement, devant le manque de réaction des perches face aux leurres métalliques (la cuillère vintage ne prendra que 5 petits poissons...) et aux leurres de surface (un seul chevesne au Towadi), j'en reviens à cette incongruité technique qui me vaudrait (si elle était portée à la connaissance des grands maîtres de l'halieutisme moderne du progrès de demain par quelques sycophantes méritants bien sûr...) une mise à l'index majeure (à moins d'un petit coup de pouce...Désolé, pas pu m'empêcher). Pêcher au leurre souple avec une canne que d'aucuns qualifieraient de "nouillasse", faut oser... Et le pire, c'est que ça marche. Grâce à mes petits shads maison fleurant encore bon la sardine huileuse malgré deux ans de placard (c'est beau les innovations technologiques personnelles^^), les perches engament la seconde de trop nécessaire à un ferrage optimal... Et puis, bon, honnêtement, vu la profondeur et la turbidité, je ferre 80% du temps à vue...
En une demi-journée, je n'en perdrais que deux sur accrocs. On reste dans l'économique. Je n'ose imaginer une pêche pareille au One Up 2"... De quoi y laisser 3 paquets, je vous laisse compter... Les leurres souples-maison vont devoir tout de même partir au recyclage car au bout de quelques dizaines de perchettes, ils sont un peu déchirés de partout, les micro-shads à leur pépère...La rançon du succès.
Sur le dernier spot où je m'arrête, ô miracle, les choses sérieuses commencent. Jusque là j'avais picoré 5 perches par ci, 3 autres par là en changeant de spot dès que le ratio de touches diminuait. Ici, inexplicablement, c'est l'orgie. Peut-être que le coin est moins fréquenté ? Que ceux qui y pêchent dédaignent s'abaisser à pêcher la perche ? Je n'en sais rien mais ils perdent quelque chose...
Là, on arrête de compter, on prend. Les shads-maison couturés de partout entament leur baroud d'honneur. Un lancer = un poisson. Ce n'est toujours pas bien gros (bel euphémisme^^) mais la frénésie m'enchante. Cela paye quelque peu les longues journées de bredouille qui, un jour ou l'autre, guettent l'infortuné pêcheur de base (épreuve qui épargne contractuellement les Tartarins d'Internet, évidemment, la question ne se pose pas, voyons...). 
Bref, comme tout vient à point à qui sait attendre, dans les arrêts de jeu de la sortie, alors qu'il devenait franchement urgent de regagner ma tanière, c'est une fort jolie perche qui, par surprise, vient conclure la sortie, toujours grâce à un des mes shads-maison au délicat parfum de concentré de sardine. Voila un poisson conquis de haute lutte après des dizaines de pin's voraces. Youpi. Enfin une preuve tangible que la traque automnale en rivières quasiment à sec n'est pas seulement une irréfutable manifestation publique de pathologie mentale...


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